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Alma

22 avril
Aujourd’hui, en faisant les courses chez Auchan, je me suis acheté ce cahier. Les événements passent tellement rapidement que, pour moi, le seul moyen de les fixer sera de récapituler, si possible chaque soir, les faits du jour. Iris dit qu’elle préfère faire des photos. C’est une visuelle. J’essaierai d’en coller quelques unes sur ce cahier. Ce soir, j'ai collé une étiquette sur la couverture du cahier avec un gros titre : ALMA. Alma, c'est notre chienne, ou plutôt c'est notre enfant.
Iris m’a convaincu que trois ans c’était le meilleur âge pour Alma. Nous avons donc décidé de lancer officiellement « l’Opération Petits Chiots ». Peut-être que cela va m'inspirer pour écrire une nouvelle, car en ce moment, je suis plutôt à cours d'idées et mon éditeur n'arrête pas de me relancer. Tout le monde nous a prévenu que ce serait difficile, mais elle y tient encore plus que moi. En s’organisant bien, on devrait y arriver. D’ailleurs question organisation, ça nous connaît. Ce n’est pas pour rien que nous faisions parti du Comité Lycéen de Grève lors des manifestations contre la loi, la loi… zut, je ne me souviens plus laquelle c’était. Pourtant, nous l’avons bien conspué le Ministre de l’époque. C’était une sacrée période ! En plus, c’est
là que nous nous sommes connus, Iris-la-Passionara et moi Arnaud-Double-Mètre, en tête des manifs.

24 avril
Hier soir nous sommes allés « Au cochon qui sommeille » fêter notre décision. Iris était aux anges. Comme souvent, quand elle est excitée, elle n’arrêtait pas de triturer sa longue toison dorée. Nous avons parlé de nos aînés, partis élever des chèvres sur le Larzac. Les chiots, ça devrait être quand même plus facile ! En plus, ils vont naître aux beaux jours et nous pourrons les mettre souvent dehors. Oui, l’été qui s’annonce sera notre été des chiots. Ma compagne, radieuse, a un peu forcé sur le Bourgueil. Elle qui ne boit jamais que de l’eau qu’elle ramène des Causses. Ses pommettes formaient deux taches rouges sur son visage couleur yaourt. Elle s’est même mise à me faire une démonstration d’aboiements dans le restaurant, au point que j’en étais très gêné. Mais ce matin, elle avait mal aux cheveux. Quand elle a fait la bise à Alma, la chienne lui a reniflé la bouche, toute étonnée. Alma, c’est parce que elle est l'âme de notre maison. Quand on ne peut avoir de chien, on prend un enfant ! Sérieusement c'est un grand drame pour Iris qui est d'une famille nombreuse.
Iris a soufflé à l’oreille d’Alma : « Réjouis-toi, moi je ne peux pas avoir de bébé, mais toi tu vas avoir des petits chiots ! ». Mais la chienne n’a pas eu l’air de comprendre : je crois qu’elle pensait plutôt à ses croquettes.
Depuis qu’elle s’est aperçu qu’elle était stérile, ma blonde est dépressive. J’espère de tout mon cœur que la maternité d’Alma lui redonnera le moral qu’elle avait quand elle était plus jeune.

27 avril
Iris veut absolument des chiots avec pedigree. Elle dit qu’ils seront beaucoup plus faciles à placer. Naturellement, nous avons pensé à Spartacus, le chien de nos amis Maillard. J’ai quelques doutes car je le trouve un peu jeune pour la besogne. Mais Iris pense que comme ils se connaissent bien, il n’y aura pas de problème de refus de la part d’Alma. Elle va contacter nos amis.

29 avril
Les Maillard sont très contents à l’idée qu’Alma ait des chiots de Spartacus. Ils l’aiment bien notre fille. Il ne nous reste plus qu’à attendre ses prochaines chaleurs. Elles ne devraient pas tarder.
J’ai quand même relancé l’idée de l’adoption. Les Dufour nous ont envoyé des photos. Ils sont revenus du Vietnam avec un charmant bébé. Mais Iris me dit que si nous en adoptions un, ce serait un petit français. Elle sait que c’est très difficile. Je ne la reconnais plus : elle qui voulait tellement aider le tiers-monde !
En tous cas, depuis qu’elle sait qu’elle va être mère, par chienne interposée, Iris est redevenue très tendre. Contrairement à ses habitudes, c’est même elle qui me sollicite : je dois avouer que certains soirs, après avoir travaillé tard à mon prochain roman, c’est moi qui lui tourne le dos. Un comble !




1 mai
Depuis quelques jours, ma blonde passe son temps à surveiller la vulve d’Alma. Elle trouve que son sexe grossit. Je l’ai surnommée « la Mère guette-au-trou ». Elle n’apprécie pas du tout.

3 mai
Iris a repéré quelques gouttes de sang sur le carrelage du séjour. Elle est toute excitée. Je ne sais pas si elle le serait plus s’il s’agissait d’elle ! Elle a appelé les Maillard qui ont bondi de joie. Ils veulent absolument un chiot d’Alma.
La conséquence de tout ça c’est que ma compagne est en retard. Elle devait livrer ses aquarelles à son client hier et il lui reste trois tableaux à peindre. Je ne sais pas ce qu’il va dire.

4 mai
Il paraît que c’était très drôle : la voisine, madame Imbert m’ a raconté qu’elle avait vu Iris promener Alma en forêt et qu’elle la surveillait comme le lait sur le feu, au cas où un mâle non autorisé aurait voulu la courtiser. Quand je pense qu’elle était une farouche partisane de l’amour libre, du temps de notre folle jeunesse ! Oui, il paraît que la promenade ressemblait à la procession du Saint Sacrement.
Hier soir, j’ai eu beau prétexter que je devais me lever tôt le lendemain matin, pour aller voir mon éditeur, Iris ne voulait pas s’endormir sans « faire le plein de tendresse ». Elle est allée jusqu’à me dire : « tu vas penser que je me conduis comme une chienne en chaleur ! » Mais, de temps en temps, je dois avouer que je profite de son état sans trop me poser de questions.

6 mai
Le vétérinaire a examiné Alma sous toutes les coutures. Il l’a déclarée « bonne pour le service ! ». Il nous dit de ne pas nous inquiéter, de laisser faire la nature et que tout irait bien.
Oscar, le braque du facteur, qui divague en permanence dans les environs, se met à tourner autour d’Alma, dès que nous la sortons. Il a même commencé à la courtiser de très près. J’ai comme l’impression qu’elle n’aurait rien contre. Quand j’ai dit ça à Iris, elle s’est mise en colère, affirmant que si je n’arrivais pas à garder SA ( !) chienne sous contrôle, elle ne m’autoriserait plus à la sortir. Pourtant elle l’aimait bien son Oscar. Mais où est donc passé mon égérie qui agitait le drapeau noir dans nos manifs ? Je savais que la maternité changeait les femmes mais à ce point…

10 mai
Demain c’est le quatorzième jour. Ma compagne est comme une pile électrique. La seule chose qu’elle ait réussi à faire c’est de toiletter Alma, presque poil par poil. Elle lui a même acheté du parfum. C’est vrai ! Du parfum pour chien : il s’appelle « Oh my dog ! ». Jade doit venir pour le thé avec Spartacus. Il a intérêt à être en forme ! Heureusement que je n’ai pas d'obligations demain : je ne voudrais pas rater ça, même pour un Nobel de littérature.

11 mai
Spartacus et Jade sont arrivés toilettés comme pour un concours de beauté de la Société Centrale Canine. Ils n’avaient pas un poil qui dépassait. Iris aussi était très en beauté. Elle m’a jeté un drôle de regard et je suis allé me mettre une veste. Pour une telle cérémonie, rien n’était trop beau. Nous avons pris le thé tout en observant les chiens. Ma blonde s’efforçait de prendre l’air le plus détaché possible, mais je voyait bien de l’anxiété dans son regard. Jade semblait très confiante. Elle ne doutait pas des ressources de son étalon. Après quelques salutations amicales, Alma s’était mise à tourner autour de Spartacus. Elle semblait lui dire : « regarde comme je suis belle ! ». Lui observait sa maîtresse, comme dans l’attente de caresses. Au bout d’un moment, Alma lui a même reniflé le sexe. Mais Spartacus n’avait pas l’air plus ému pour ça. Je regardais Iris à la dérobée. On pouvait voir le rouge lui monter au visage. Jade, elle, semblait considérer ce blocage avec beaucoup plus de détachement. « Mais tu vas la sauter oui, ou non ???? ». Ma douce conjointe avait perdu sa maîtrise habituelle. Elle s’attira un regard réprobateur de Jade. Mais le pire fût quand Spartacus se mit à jouer avec la balle de tennis ! Catastrophe !!! J’ai crû qu’Iris allait en aboyer de colère ! Puis, abattue, elle s’effondra dans son fauteuil, sans cesser de fixer le sexe de Spartacus qui aurait pu être celui d’un angelot, si les anges en avait.
Jade, abandonnant tasse de thé et biscuits se leva, dans un effort désespéré pour rétablir une situation bien compromise. Armée d’un petit beurre LU et de sa fierté, elle appâtât Spartacus pour le faire se retrouver sur les arrières d’Alma. Pendant une seconde notre amie pu croire que sa manœuvre allait réussir. Mais, dépité devant cette tromperie, « l’étalon » sauta sur le biscuit, plutôt que sur la chienne, avec tant de conviction qu’il faillit mordre la main manucurée de sa maîtresse.
Voyant son ultime espoir partir en miettes, Jade essayant de faire bonne figure, appela son chien et avec seulement une esquisse de « Bonsoir ! », repassa la porte sans plus de cérémonie.

12 mai
Les somnifères ont cloué Iris à sa couche jusqu’à une heure avancée de la matinée. Par bonheur, je donnais des cours d'écriture à la Sorbonne et je n’ai pas été obligé d’assister au réveil de la maîtresse, après cet Hiroshima canin.
Je lui avait laissé un mot où je rappelai que « nous » en étions au quinzième jour et qu’il fallait faire vite si elle ne voulait pas voir tout espoir de portée partir au grand galop. Grâce au Président du Club de la race elle a obtenu l’adresse d’un éleveur de confiance. Une minute après, Alma roulait en voiture vers son destin de futur mère. Iris a livré « le paquet », sans même demander à voir ni le mâle, ni son pedigree. Elle ne s’est même pas informée du prix de la saillie.
Ce soir, elle semble avoir tout oublié de cet épisode, si douloureux sur le moment.

17 mai
Alma est rentrée aujourd’hui de son élevage. Nous sommes allés la chercher. J’ai pu voir l’étalon Tiramisu. « Avec lui c’est du gâteau » m’a confié l’éleveur, avec un sourire. C’est effectivement un beau modèle. Pour son maître, tout s’est très bien passé et nous devrions voir le résultat dans deux mois. Je lui ai fait un gros chèque pour la saillie (mille Euros) mais il m’a dit que la somme correspondait au prix de vente d’un chiot. Alma était contente de nous retrouver sans pour autant sembler choquée de la perte de son « innocence ».
Au retour, c’est Iris qui a voulu conduire. D’habitude, elle ne roule déjà pas vite, mais pour faire ces cent kilomètres, elle a adopté une allure « pour femme enceinte ». C’est à peine si j’ai eu le droit d’écouter la radio, avec le volume au minimum.

25 mai
C’est quand même bizarre, Iris m’a reparlé mariage. Est-ce l’exemple des Gasquet qui viennent de convoler après quinze ans de vie « à la colle » ? Ou bien plutôt l’approche de la maternité ? Si j’étais psy, je dirais qu’elle veut construire son nid. Elle a aussi des envies de bricolage et voudrait tout modifier dans la maison. Elle veut même supprimer les panneaux solaires « car ils sont laids ». Petite écolo, comme tu as bien changé !

7 juin
Le compte à rebours continue. Nous en avons encore pour un mois – soixante trois jours depuis le 12 mai, m’a précisé Iris. Les Berthaud qui ont eu une portée de cinq chiots de leur épagneule nous ont téléphoné que c’était beaucoup de travail et que nous devions prendre des forces en attendant. « Nous ferons face » leur a répondu Iris, la voix très assurée. Puis elle s’est tournée vers moi pour me dire : « Il n’y a pas de raison que nous ne fassions pas mieux que ces « bras cassés » ! ». Pour ma part, je ne sais que penser : je jette un œil sur les livres qu’elle a achetés, mais je me dis que je ferais mieux de donner la priorité à mes travaux d’écriture.

10 juin
Rien n’est trop beau pour la future Maman. Elle s’est vue offrir des croquettes qui coûtent une fortune. Mais Madame fait la fine gueule : elle semble préférer sa nourriture d’hypermarché. Pour Iris, c’est un comble ! Elle en est très vexée.

15 juin
C’est bon signe : Iris a repris ses pinceaux. Elle se sert de couleurs vives et gaies. Elle s’est même mise à chanter en peignant. Alma a l’air de beaucoup apprécier « Le temps des cerises ». Tout cela va dans le bon sens. Tant mieux, car je ne voudrais pas que mon artiste fasse une fixation sur ces futurs chiots. Surtout que tout à l’air de très bien se passer. Si ce n’est pas le Bonheur, cela y ressemble.

19 juin
Comme elle était trop occupée, ma blonde m’a envoyé chez le Docteur Fournis avec Alma. Il l’a examiné sous toutes les coutures et n’a rien trouvé de particulier. D’après lui, c’est normal qu’elle ne s’arrondisse pas encore. Ce n’est que dans les dernières semaines que la grossesse sera visible. Il m’a fait comprendre que c’était plutôt Iris qui était à surveiller ! Je suis tout à fait d’accord avec lui.

25 juin
D’habitude, elle ne me montre ses tableaux qu’une fois terminés. Cette fois-ci, Iris a voulu faire une exception : j’ai eu le droit d’admirer l’ébauche. C’est Alma entourée d’une portée de chiots : on croirait presque voir la chienne sourire de bonheur. En psychologie, on parlerait de « projection ». Mais, malheur à moi si j’en touchais un mot à mon artiste !
Ses besoins physiques impérieux semblent s’être transformés en une grande tendresse. C’est bien ça les femelles : une fois que la maternité est engagée, elles n’ont plus besoin des « hommages » du mâle et celui-ci qui était tellement sollicité pendant la période de fécondité peut « aller se rhabiller » !

29 juin
Ma blonde était furieuse contre elle-même : elle a failli oublier la caisse d’accouchement. Prochien lui a promis de la livrer sous quarante-huit heures. Cette urgence ne me paraît pas indispensable mais…

4 juillet
Grande discussion pour savoir où installer la fameuse caisse. Je voulais la mettre à la cave. Mais Madame a été horrifiée à cette idée. « Tu n’y penses pas, c’est tellement sale ! Et puis, ils vont mourir de froid ces petits. En plus, on ne les entendra pas s’ils appellent ». Finalement, j’ai été obligé d’accepter qu’on l’installe dans l’entrée. Avec efforts, nous avons sorti le canapé-lit pour faire place au nouveau meuble.
Pour terminer, Iris a semé dans la grande caisse les jouets pour chiots qu’elle a acheté chez le Docteur Fournis. C’est une bonne cliente ma compagne : chaque fois qu’il l’entend approcher, il lui déroule le tapis rouge et lui prodigue de grands sourires. Iris pense qu’il lui fait « du gringue » !

8 juillet
Ce matin, j’ai enfin remarqué qu’Alma s’était arrondie. Je trouve Iris de plus en plus nerveuse. C’est sans doute pourquoi elle câline la chienne encore plus qu’avant.

10 juillet
J-3 : Iris est vraiment sur les nerfs. Elle suit Alma partout dans le jardin, car on lui a dit qu’il arrivait que les chiennes aillent mettre bas dehors, surtout si la maison est bruyante. Du coup, je n’ai plus le droit d’écouter mes CD des Rolling Stones et je dois regarder la télé en sourdine. Iris essaie de faire dormir Alma dans sa nouvelle caisse pour l’habituer, mais la « future Maman » préfère toujours son canapé.

12 juillet
Ils sont nés les divins chiots !!!! Avec un tout petit peu d’avance. Hier soir, Alma est allée bien sagement s’installer dans la caisse. Iris était partie faire des courses : je suis sûr qu’elle s’en voudra toute sa vie ! J’ai surveillé les opérations de loin sachant qu’il est mauvais de trop intervenir. A six heures dix, j’ai trouvé un premier chiot : une grosse souris aveugle, grise avec des rayures longitudinales. On ne dirait pas un enfant d’Alma ! Je ne peux pas dire que je trouve « ça » particulièrement beau. Je m’attendais à autre chose, mais je ne peux m’empêcher d’être très ému. Alma a tout de suite bien léché son bébé. Les grands coups de langue faisaient rouler le chiot sur la couche. Puis, l’instinct de survie l’a fait tout de suite ramper vers les mamelles. Je l’ai juste un peu aidé pour qu’il absorbe vite le bon colostrum avec la première tétée. A six heures et demie, il y avait un autre chiot. J’ai accompli la même opération. Je n’arrive pas à voir le sexe. Il faudra demander au vétérinaire. Alma absorbe les placentas. Il paraît que cela favorise le début de la lactation. Je me demandais si la chienne avait encore beaucoup de chiots en réserve, quand Iris est arrivée. Elle a laissé tomber (littéralement) tous ses paquets et s’est précipitée pour voir Alma, au risque de l’effrayer. Il y avait deux chiots de plus. Et de quatre ! Je n‘avais jamais vu ma blonde en transes comme à ce moment-là. On aurait dit qu’elle était droguée. Elle s’est quasiment prosternée devant sa chienne avant de commencer à examiner les petits. Elle a pris le pèse-lettres pour vérifier leur poids. Finalement, Alma nous en a fait six. Ils pèsent entre cent soixante grammes (on dirait une femelle) et trois cent trente pour le « gros » mâle.

13 juillet
La mère et les enfants se portent bien. Iris n’arrête pas de diffuser leur bulletin de santé à toutes ses amies. Cette nuit, elle a dormi sur le canapé du séjour pour être à l’écoute des petits, au cas où… Elle a passé sa matinée à organiser des visites. Comme les chiots doivent rester au calme, au moins les premiers jours, les visites officielles ne commenceront que la semaine prochaine. L’agenda d’Alma est déjà plein ! Je sens que je vais me trouver réquisitionné pour servir le thé.
Seul problème avec Alma : elle n’a pas encore bien réalisé qu’elle était Maman et elle a tendance à ne pas regarder où elle se couche pour allaiter ses petits. Parfois, il y en a un qui se trouve juste sous elle et qui couine très fort quand sa mère se couche sur lui. Nous sommes donc obligés de rassembler les chiots à un même endroit de la caisse quand elle s’apprête à les nourrir.
Entre les tétées Alma s’occupe en léchant les petits : cela les stimule. Mais comme ils paraissent fragiles ! Sous la grosse langue maternelle, ces petites boules de poils roulent dans la caisse comme un fétu de paille emporté par une rivière !


16 juillet
J’ai convaincu Iris, qu’au lieu de dormir à côté des chiots, nous pouvions très bien installer un écoute-bébé, pour être prévenus en cas de problème. Elle m’a envoyé le chercher chez Materna. Cette nuit elle s’est quand même levée pour allaiter la petite dernière.
Certains sont encore aveugles, mais arrivent à trouver sans problème le chemin des mamelles de Maman. Je ne pensais pas que cette cécité durait aussi longtemps.

19 juillet
Une première fournée d’amies d’Iris est venue s’extasier devant notre production familiale. Elles ont été très étonnées qu’Alma ne dise rien quand elles ont pris les chiots pour les caresser. Je leur ai servi le thé dans les règles de l’art. Elles ont beaucoup admiré le « press book » d’Iris et veulent que je leur envoie les photos par Internet.

22 juillet
Elle a eu une riche idée, Iris. Pour mieux distinguer les chiots, elle leur a confectionné des petits colliers de différentes couleur avec du fil de laine. Les mâles s’appellent désormais Bleu marine (le gros) et Bleu ciel. Je vous présente les femelles : Rouge, Orange, Verte et Noire (la petite). Certains chiots commencent juste à ouvrir leurs beaux yeux bleus sur le monde qui les entoure. C’est très émouvant. Cette petite fratrie est vraiment adorable. Nous avons envoyé des photos par Internet à une amie anglaise. Elle a tout de suite pris son téléphone pour nous dire qu’ils étaient « … so cuuute !!! ». Du coup, Iris a inondé nos proches d’images.

25 juillet
Ce matin tous nous ont fait le magnifique cadeau de leurs très beaux yeux bleus. Plus besoin de chercher leur lait à tâtons ! Quelle émotion pour Iris et moi. Oui vraiment, un grand moment.
C’est fou ce que ces souris grises se sont mises à grossir vite. Il faut dire qu’Alma semble une bonne mère et que nous veillons à ce que chacun ait un égal accès aux tétines. Autrement, c’est le gros mâle qui aurait tendance à tout « siphonner ». Quand Alma revient dans la caisse pour la tétée, nous contemplons avec ravissement l’assaut aux mamelles qui se déclenche immédiatement. Ils est souvent frénétique. C’est vrai que, pour eux, ce peut être une question de vie ou de mort. Nous observons la mise en place de différentes stratégies. Certains chiots sont les plus véloces, Bleu marine le gros mâle, lui marche sur les autres et les écarte des « bonnes » mamelles. Mais Noire ne pouvant compter ni sur sa rapidité ni sur sa force rampe sur le dos jusqu’à une des mamelles (moins convoitées) de « l’étage inférieur » où elle est relativement tranquille tant que ses frères et sœurs de « l’étage supérieur » ne lui marchent pas dessus en changeant de tétine.

27 juillet
Encore des paperasses ! Après la « déclaration de saillie », je dois m’occuper d’envoyer la « déclaration de portée » à la Société Centrale Canine. Avec tous ces papiers, on pourrait faire des litières pour les chiots !
Iris surveille constamment le thermomètre : elle veut être sûre que la température de la pièce ne descende pas en dessous de vingt-trois degrés. Fournis nous a conseillé de bien observer les chiots : s’ils se mettent en tas dans la caisse, c’est qu’ils ont froid, s’ils sont dispersés aux quatre coins, ils ont chaud.

30 juillet
Les chiots ont déjà triplé de poids, comme indiqué par le pèse-lettres. Iris passe le plus clair de son temps à les câliner, les manipuler, leur faire des bises et à allaiter petite Noire. C’est vraiment son substitut de maternité. Mais moi aussi, je me paye une bonne régression infantile. J’ai dû être privé de nounours dans mon enfance et je me rattrape.

2 septembre
J'ai laissé tomber ce cahier depuis un mois. Nos espoirs les plus fous vont se concrétiser : nous attendons un héritier ! La naissance est prévue pour dans cent cinquante deux jours. J'ai déjà ouvert un autre cahier. Son titre, c'est DIEUDONNE. Il aura intérêt à aimer les chiens. Iris exulte, pour elle la marraine, ce ne pourra être qu'Alma !

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